RAPPORT COULON SUR LA DEPENALISATION DE LA VIE DES AFFAIRES
Le groupe de travail sur la dépénalisation de la vie des affaires sous la présidence de Monsieur Jean-Marie COULON a remis son rapport, le mercredi 20 février 2008 à Madame Rachida DATI.
Il préconise les 30 propositions suivantes :
A/ Suppression et modifications d’infractions pénales
- suppression des infractions tombées en désuétude, obsolètes ou pour lesquelles un dispositif civil efficace est déjà prévu.
- limitation des concours de qualifications pénales par la suppression des infractions redondantes.
- harmonisation des peines principales et complémentaires pour les infractions de même nature.
- augmentation des quantums de certaines peines d’amende lorsque la gravité de l’infraction le justifie.
- substitution au droit pénal des dispositifs civils ou utilisation de modes alternatifs de poursuite.
- mise en place de mécanismes civils efficaces de substitution à certaines incriminations : injonctions de faire, nullités relatives, sanctions contractuelles.
- suppression des infractions prévues au titre IV du livre IV du code de commerce en leur substituant des sanctions administratives prononcées par le Conseil de la concurrence.
- développement de recours aux alternatives aux poursuites, dont la transaction.
- attribution au ministère de la justice du monopole de l’élaboration des textes pénaux pour améliorer la qualité et la cohérence du dispositif normatif.
- développement de la cohérence et de l’harmonisation des politiques pénales menées par les parquets en matière économique et financière, notamment par voie de circulaires.
- amélioration de la formation juridique des entrepreneurs afin de favoriser l’élaboration de codes de déontologie.
- spécialisation des juridictions et moyens matériels et humains alloués pour leur fonctionnement (assistants spécialisés notamment).
- amélioration de la formation et professionnalisation des magistrats en matière économique et financière.
B/ Articulation entre l’Autorité des marchés financiers et le droit pénal boursier
- suppression du cumul sanction pénale/sanction administrative en réformant l’articulation des procédures de l’Autorité des marchés financiers et des procédures pénales.
- développement des synergies entre enquêtes administratives de l’AMF et enquêtes pénales.
- mise en place d’un échevinage des juridictions judiciaires appelées à connaître des contentieux boursiers.
- mise en place d’une procédure de réhabilitation pour les personnes sanctionnées par l’AMF.
- augmentation de la peine encourue pour le délit d’initié de deux à trois ans d’emprisonnement.
C/ Articulation entre le Conseil de la concurrence et le droit pénal de la concurrence
- suppression du cumul entre sanctions pénales et sanctions du Conseil de la concurrence en mettant fin à la responsabilité des personnes morales pour l’infraction prévue à l’article L420-6 du code de commerce.
- homologation de la procédure de clémence devant le Conseil de la concurrence par le parquet.
- mise en place de la compétence exclusive des juridictions interrégionales spécialisées pour les infractions à l’article L420-6 du code de commerce.
D/ Les plaintes avec constitution de partie civile
- augmentation du délai entre la plainte préalable et le dépôt d’une plainte avec constitution de partie civile (passage de 3 à 6 mois).
- instauration d’une motivation détaillée des décisions de classement sans suite en matière économique et financière.
- instauration d’une obligation de production des pièces comptables pour les personnes morales, afin de fixer la consignation.
- conversion, sauf ordonnance motivée du juge d’instruction, du montant de la consignation en amende civile, lorsque la constitution de partie civile aboutit à une décision de non-lieu.
E/ La prescription
- modification des règles de la prescription de l’action publique en posant comme point de départ intangible la date des faits et en allongeant les délais de prescription.
F/ L’attractivité de la voie civile
- création d’une action de groupe avec un système d’opt in.
- amélioration de l’attractivité économique de la voie civile en favorisant le remboursement des frais avancés par les parties. Amélioration des règles relatives à la responsabilité pénale des personnes morales.
- clarification des règles relatives aux peines encourues par les personnes morales.
- prise en compte de la spécificité des personnes morales s’agissant de la récidive.
- réduction des délais de réhabilitation judiciaire pour les personnes morales.
Ces propositions devraient, pour certains, recevoir une application prochaine, la Garde des Sceaux ayant manifesté son intention de procéder rapidement à une réforme en profondeur du droit des affaires. A suivre…